Professeur des Universités en Pharmacologie à l’UFR des Sciences Pharmaceutiques de Bordeaux où elle enseigne la pharmacologie, chercheuse au sein du Centre de Recherche Cardio-Thoracique de Bordeaux – INSERM U1045, Véronique Freund-Michel est la lauréate 2020 de la bourse de recherche « Danièle Hermann-cœurs de femmes » décernée par le jury de la Fondation Recherche Cardio-Vasculaire présidé par Dominique Costagliola. Le financement de la bourse (à hauteur de 30 000 euros) est assuré par la Fondation. Son projet de recherche sur l’insuffisance cardiaque droite consécutive à l’hypertension artérielle pulmonaire chez la femme a pour objectif d’identifier deux nouvelles cibles thérapeutiques « le facteur de croissance des nerfs (NGF) et la Connexine 43 (Cx43) » et de vérifier si celles-ci sont exprimées différemment dans le cœur droit chez la femme versus l’homme, et si les œstrogènes contribuent à ces différences. L’étude de ces différences devrait permettre la mise en place de traitements pour l’hypertension artérielle pulmonaire chez la femme.
Enthousiaste, honnête et persévérante, Véronique Freund-Michel est une scientifique qui a toujours cherché à enrichir et à perfectionner ses connaissances. Le baccalauréat scientifique en poche, elle a suivi des études de Pharmacie à l’Université de Strasbourg et s’est très vite dirigée vers la filière recherche. C’est durant sa thèse sous la direction du Docteur Nelly Frossard qu’elle s’est intéressée au facteur de croissance des nerfs NGF en étudiant son expression et son rôle dans l’asthme. Lors de son post-doctorat à Londres, sous la direction du Professeur Maria Belvisi, elle a travaillé sur l’étude des différents systèmes nerveux innervant les voies aériennes pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques dans des pathologies respiratoires. Une belle carte de visite qui lui a permis d’être recrutée à l’Université de Bordeaux comme maître de conférences en pharmacologie et de mettre en pratique ses recherches sur l’hypertension pulmonaire.
Cette nomination en tant que maître de conférences et celle plus récente de Professeur des Universités, elle les évoque avec émotion « ils furent des moments forts, les candidatures à ces postes étant très compétitives ». Elle se dit également fière d’avoir eu l’opportunité de transférer ses connaissances acquises durant ses études, en particulier celles ayant trait au facteur de croissance des nerfs NGF, à la recherche qu’elle mène actuellement sur l’hypertension pulmonaire. « L’étude du NGF a conduit à montrer un rôle majeur de ce facteur dans cette pathologie » rajoute-telle.
Parmi celles et ceux qui ont compté durant son parcours professionnel elle cite : le Professeur Jean-Pierre Gies, actuel Professeur de Pharmacologie moléculaire et Doyen de l’UFR de Pharmacie de Strasbourg, qui lui a transmis sa passion pour la pharmacologie, le Docteur Nelly Frossard, ancienne directrice de l’Unité Inserm U450, qui l’a initiée à la recherche sur l’asthme et à l’étude du NGF, le Professeur Bernard Muller, Professeur de Pharmacologie et Doyen de l’UFR des Sciences Pharmaceutiques de Bordeaux grâce auquel elle s’est lancée dans la recherche, sans oublier le Professeur Roger Marthan, Directeur de l’Unité de recherche INSERM U1045, qui l’a chaleureusement accueillie au sein de son laboratoire et lui a permis de développer sa recherche sur le NGF.
Des rencontres riches et déterminantes qui jalonnent encore aujourd’hui sa vie scientifique puisque c’est grâce au soutien des Professeurs Marc Humbert et David Montani et à celui du Docteur Christophe Guignabert officiant au sein du Laboratoire INSERM UMR_S 999 du Plessis-Robinson, qu’elle a pu valider ses résultats sur des échantillons humains issus de patients souffrant d’hypertension pulmonaire.
Grâce à cette bourse qui lui permettra de financer les animaux, produits et consommables nécessaires au développement de sa recherche, Véronique Freund-Michel se dit prête à mener une action de recherche 100% « cœur de femmes ». « En effet, des différences liées au sexe ont été mises en évidence dans l’hypertension pulmonaire, avec un rôle majeur joué par les œstrogènes dans ces différences, en particulier dans les altérations du cœur droit liées à cette pathologie ».
Interrogée sur la prise de conscience insuffisante entourant les maladies cardio-vasculaires des femmes, elle pense que si elle est si tardive c’est en raison des facteurs de risque comme le tabac, l’alcool et la sédentarité qui ont longtemps été considérés comme des problèmes masculins. « A côté de cela, les femmes présentent aussi des facteurs de risque qui leur sont propres, en particulier les hormones féminines, qui peuvent jouer des rôles délétères dans plusieurs pathologies de par leur présence (physiologique ou via la contraception hormonale), ou de par leur absence (notamment au moment de la ménopause). Les maladies cardiovasculaires sont donc un risque très important pour la femme aussi » précise-t-elle.
Concernant les grandes avancées scientifiques à initier sur le cœur des femmes, elle estime indispensable que soient menées des recherches spécifiques « afin de mieux comprendre du point de vue de la recherche fondamentale la physiopathologie des maladies cardio-vasculaires, et en particulier de comparer ces mécanismes physiopathologiques en fonction du sexe, mais aussi afin d’identifier du point de vue pharmacologique s’il existe des différences en termes de cibles dans ces pathologies cardiovasculaires entre hommes et femmes qui pourraient parfois expliquer des différences d’efficacité de certains traitements déjà sur le marché ».
A celles et ceux qui aimeraient se lancer dans une carrière de chercheur, elle recommande motivation et persévérance « car les places pérennes sont chères et rares » mais aussi une grande ouverture d’esprit indispensable lorsqu’on se lance dans la recherche cardio-vasculaire. Sans oublier la capacité à sortir des sentiers battus car « c’est comme cela qu’on pourra développer les médicaments de demain et qu’on traitera ces maladies cardiovasculaires de manière plus efficace et plus adaptée à chaque patient ».
Questionnée sur son état d’esprit actuel, elle nous confie être heureuse de faire un métier « où la routine n’a pas sa place puisqu’elle explore sans cesse de nouvelles hypothèses ». Admirative des soignants qui se battent au quotidien pour sauver des vies, mais aussi comblée à l’idée de se plonger dans un bon roman de science-fiction une fois les enfants couchés, Véronique Freund-Michel est une chercheuse ancrée dans la réalité qui sait cultiver le goût du bonheur en toute simplicité. Quant à sa devise favorite, « Ceux qui pensent que c’est impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui essaient », elle lui ressemble, tout simplement.
—————————————————-
Véronique Freund-Michel
Véronique Freund-Michel est Professeur des Universités en Pharmacologie à l’UFR des Sciences Pharmaceutiques de Bordeaux. Elle est enseignant-chercheur à l’Université de Bordeaux et se partage entre : l’enseignement de la pharmacologie (c’est-à-dire l’étude des cibles et des mécanismes d’action des médicaments) à destination principalement d’étudiants en pharmacie, mais également d’étudiants infirmiers, ou encore d’étudiants en sciences de la vie et la recherche, au sein du Centre de Recherche Cardio-Thoracique de Bordeaux - INSERM U1045, où elle travaille à l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles pour le traitement de l’hypertension pulmonaire.