Biologiste et chercheuse au sein du Service d’Ingénierie Moléculaire pour la santé au CEA, Mathilde Keck est la lauréate 2023 de la bourse de recherche « Danièle Hermann-cœurs de femmes » dotée de 30 000 euros et décernée à l’unanimité par les membres du jury.
Son projet de recherche récompensé « Régulation de la balance AVP/Apéline dans la pré-éclampsie » a des objectifs à court, moyen et long terme. À court terme, il vise à étudier la régulation des peptides AVP et Apéline chez les femmes atteintes de pré-éclampsie pendant la gestation. À moyen terme, l’accent sera mis sur la compréhension du rôle de ces peptides dans la physiopathologie de la pré-éclampsie. Enfin, à plus long terme, il permettra de valider une nouvelle approche pharmacologique afin de réduire la mortalité associée à la pré-éclampsie, la plus importante pathologie de la grossesse dans le monde, et de prévenir les risques cardio-vasculaires des mères et des enfants consécutifs à cette pathologie.
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Qui est Mathilde Keck ?
Mathilde Keck se distingue comme une chercheuse innovante dans le domaine de la recherche cardio-vasculaire. Au cœur de sa motivation, le désir d’identifier de nouvelles stratégies thérapeutiques contre la pré-éclampsie, une menace significative pour la santé maternelle et périnatale.
La trajectoire de l’excellence scientifique
Son voyage scientifique débute en tant que thésarde au Centre de Recherche des Cordeliers, où elle plonge dans l’étude du syndrome de Bartter, une maladie héréditaire rénale rare. Son post-doctorat dans le laboratoire du Professeur Jean-Sébastien Hulot à la Fondation pour l’Innovation en Cardio-métabolisme et Nutrition la conduit à explorer le rôle salvateur de l’inflammation lors de l’hypertrophie cardiaque adaptative. Elle rejoint ensuite la société biopharmaceutique Quantum Genomics, et collabore avec le laboratoire du Docteur Catherine Llorens-Cortes à la mise au point de nouvelles thérapies pour l’hypertension artérielle et l’insuffisance cardiaque, marquant ainsi un tournant dans sa carrière. En 2020, elle est nommée chercheuse au CEA dans le service du Docteur Denis Servent et oriente ses recherches vers l’influence du genre dans le développement de médicaments cardio-vasculaires. Son credo : identifier des traitements efficaces pour les femmes enceintes atteintes de pré-éclampsie.
Parmi les moments forts de sa carrière, elle souligne sa participation dans le développement d’un nouvel agent antihypertenseur, de la phase préclinique à la phase III des essais cliniques. Aujourd’hui, elle se dit particulièrement fière de diriger des recherches visant à trouver des traitements novateurs pour la pré-éclampsie, soutenue par des entités renommées telles que le CEA, l’ANR, et la Fondation Recherche Cardio-Vasculaire-Institut de France.
Défenseure de l’équité dans la recherche
Inspirée par des mentors éminents tels que le Professeur Jacques Teulon, la chercheuse Catherine Pavoine, ou encore les Directrices de recherche Catherine Llorens-Cortes et Nadia Alfaidy, Mathilde Keck s’engage dans une quête passionnée pour comprendre les mécanismes physiologiques des maladies cardio-vasculaires, avec un focus particulier sur l’influence du genre. Elle s’attaque au défi de rendre les traitements plus efficaces chez les femmes, une mission cruciale alors que les maladies cardio-vasculaires touchent indistinctement les deux sexes.
Très honorée de recevoir la bourse « Danièle Hermann- cœurs de femmes », Mathilde Keck nous confie être reconnaissante et espère que cette récompense inspirera les jeunes femmes ou jeunes hommes qui l’entourent à embrasser la passion de la science et de la recherche.
Vers une médecine personnalisée pour les femmes
Interrogée sur la nécessaire prise de conscience des maladies cardio-vasculaires féminines, elle met en lumière les défis rencontrés par les femmes confrontées à des pressions professionnelles et familiales, et comment ces facteurs peuvent contribuer aux maladies cardio-vasculaires. Elle appelle également à intégrer systématiquement les deux sexes dans la recherche fondamentale et clinique, jetant ainsi les bases d’une médecine personnalisée.
Concernant l’avenir des soins cardio-vasculaires, elle prône une médecine personnalisée où le sexe deviendrait un critère déterminant. Sans prophétiser, elle suggère un cap vers une prise en charge adaptée, reflétant la diversité physiologique des patients.
Conseils aux chercheurs en herbe
A celles et ceux qui aspirent à une carrière dans la recherche cardio-vasculaire, elle recommande la persévérance, l’engagement sincère, et l’intégrité. Un message d’espoir pour les esprits curieux qui cherchent à percer les mystères du cœur.
Questionnée sur son état d’esprit actuel, elle nous confie se sentir avide de découvertes et apaisée. Une quiétude qui sied à celle dont le rêve de bonheur serait une jolie maison isolée dans les Causses. Quant à ses héros dans la vie réelle, ils sont des femmes d’exception, comme la pionnière Marie Curie. Sa devise favorite, empruntée à cette dernière, résonne comme un mantra pour tous les passionnés de science et de recherche : “rien dans la vie n’est à craindre, tout doit être compris. C’est maintenant le moment de comprendre davantage, afin de craindre moins ».