Professeur Michel Azizi
Le Prix Danièle Hermann 2025 d’un montant de 30 000 euros a été attribué au Professeur Michel Azizi pour l’ensemble de ses travaux de recherche sur l’hypertension artérielle (HTA) dont il est un spécialiste reconnu internationalement.
Michel Azizi est Médecin-Cardiologue, Chef du service d’hypertension artérielle de l’hôpital Européen Georges Pompidou (Paris), Directeur et Coordonnateur scientifique du centre d’investigation clinique INSERM-APHP (CIC1418), Professeur de médecine vasculaire à l’Université Paris Cité et enseignant à la faculté de médecine de l’Université et membre correspondant de l’Académie de Médecine.
Quelles sont ses recherches ?
Hypertension artérielle : une menace silencieuse et complexe
Avec un Français sur trois touché, l’hypertension artérielle (HTA) est la maladie chronique la plus fréquente en France et l’une des plus meurtrières au monde, causant plus de 10 millions de décès chaque année. Surnommée le « tueur silencieux », l’HTA évolue souvent sans symptômes mais peut entraîner des complications redoutables : infarctus, AVC, insuffisance rénale… Malgré des traitements médicamenteux efficaces, le contrôle de la maladie reste insuffisant. En France, plus de 40 % des patients traités voient leur pression artérielle mal maîtrisée, en raison de mécanismes physiopathologiques complexes, d’une consommation excessive de sel, de l’obésité et surtout d’une mauvaise adhésion aux traitements.
Le professeur Michel Azizi, figure reconnue de la recherche sur l’HTA, a consacré près de 35 ans à comprendre et combattre cette pathologie. Ses travaux, menés au sein de l’Inserm et de l’hôpital européen Georges-Pompidou, ont mis en lumière un phénomène alarmant : près de la moitié des hypertendus traités ne suivent pas correctement leurs prescriptions. Face à ce constat, il a insisté sur l’importance d’améliorer l’éducation thérapeutique et le dépistage de la mauvaise observance.
Michel Azizi a également exploré des pistes innovantes comme la dénervation rénale par ultrasons, une technique visant à détruire les fibres nerveuses rénales impliquées dans la régulation de la pression artérielle. Ses études ont démontré l’efficacité de cette approche, désormais approuvée par la FDA et la HAS pour les HTA sévères et résistantes. En parallèle, il a travaillé sur de nouvelles combinaisons médicamenteuses et des alternatives thérapeutiques, dans l’objectif de mieux contrôler la maladie.
Ces avancées représentent un espoir majeur pour les millions de patients hypertendus et soulignent l’urgence d’une prise en charge plus efficace et personnalisée.
La parole au Professeur Michel Azizi
Pouvez-nous dire quelques mots sur les projets de recherche cardio-vasculaire dont vous êtes fier ?
Parmi les projets de recherche cardiovasculaire auxquels j’ai contribué, je citerais mes travaux sur l’hypertension artérielle (HTA) réalisés de 1985 à 2024. Mon objectif a toujours été d’améliorer la prise en charge des patients, notamment dans les formes les plus graves d’HTA, en transférant rapidement les découvertes des laboratoires vers les soins.
J’ai notamment travaillé sur le tétrapeptide AcSDKP comme marqueur sensible de l’adhésion aux inhibiteurs de l’ECA, ce qui a permis de mieux suivre et optimiser les traitements des patients hypertendus. J’ai aussi beaucoup exploré l’utilisation de l’automesure tensionnelle, un outil précieux pour surveiller la pression artérielle en dehors du cabinet médical. Par exemple, mes recherches ont montré que l’HTA induite par les traitements anti-angiogéniques chez les patients atteints de cancer survenait dès la première semaine. Grâce à l’automesure tensionnelle télétransmise, il a été possible d’ajuster plus rapidement les protocoles de prise en charge.
Enfin, les essais cliniques que j’ai conçus et menés sur la dénervation rénale par voie endovasculaire ont abouti à son approbation par la FDA et la HAS pour traiter les hypertensions résistantes. Ces avancées représentent des étapes importantes pour améliorer durablement la qualité de vie des patients.
En quoi ce prix sera-t-il utile à vos recherches ?
Au-delà de la reconnaissance personnelle, j’espère que ce prix servira de levier pour attirer l’attention des décideurs et du grand public sur une question de santé publique cruciale, actuellement sous-estimée. L’hypertension artérielle reste un défi majeur en matière de prévention et de prise en charge, et il est urgent de renforcer la sensibilisation et les actions pour mieux la combattre. Ce prix renforce ma détermination à poursuivre mes recherches et mes collaborations dans le domaine. Merci à tous ceux qui ont soutenu et cru en mes efforts – cette reconnaissance est autant la vôtre que la mienne.
Quelles sont selon vous les grandes avancées à initier concernant la recherche scientifique sur l’hypertension artérielle ?
Je souhaite contribuer activement à plusieurs axes pour améliorer la prise en charge de l’hypertension artérielle (HTA). D’abord, je pense qu’une approche personnalisée impliquant médecins, pharmaciens, infirmières et patients eux-mêmes est essentielle. L’utilisation de technologies connectées, comme l’automesure tensionnelle et les capteurs, pourrait aussi révolutionner le suivi des patients. De plus, l’intelligence artificielle offre des perspectives intéressantes pour analyser les données et anticiper les risques. J’aimerais également approfondir l’utilisation de la dénervation rénale chez les patients résistants aux traitements classiques. Enfin, la recherche sur de nouvelles thérapies et une meilleure prévention me semblent indispensables.
Crédit photo : Michel Monsay
Télécharger le dossier de presse de la remise du Prix Danièle Hermann
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