Endométriose, SOPK : des maladies gynécologiques aux conséquences cardiovasculaires
Une double peine trop méconnue pour les femmes
Troubles menstruels, douleurs chroniques, infertilité… On connaît bien les souffrances physiques causées par l’endométriose et le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Mais ce que l’on ignore souvent, c’est que ces maladies gynécologiques font aussi battre le cœur plus fort… pour de mauvaises raisons.
Inflammation, déséquilibres hormonaux, résistance à l’insuline : tous les ingrédients sont réunis pour accroître le risque de maladies cardiovasculaires. Et pourtant, cette menace silencieuse reste largement sous-estimée.
L’endométriose : un cœur sous tension
Qu’est-ce que l’endométriose ?
Maladie inflammatoire chronique, l’endométriose se produit lorsque des cellules de l’endomètre, censées tapisser l’utérus, migrent ailleurs dans le corps. Résultat : douleurs invalidantes, règles hémorragiques et parfois infertilité.
10 % des femmes en âge de procréer sont touchées par l’endométriose en France, soit environ 2,5 millions de personnes. Cette maladie inflammatoire chronique ne se limite pas aux douleurs pelviennes : elle a aussi un impact direct sur le système cardiovasculaire.
Ce que disent les chiffres :
- +50 % de risque de cardiopathie ischémique (étude parue dans Circulation).
- +17 % de risque de maladies cérébrovasculaires.
- +34 % de risque d’AVC par rapport aux femmes non atteintes.
Pourquoi ?
L’inflammation chronique provoque un stress oxydatif qui abîme les artères, tandis que les traitements hormonaux peuvent influencer la tension artérielle et le métabolisme lipidique. Ce n’est pas qu’un problème de règles douloureuses. C’est une bombe à retardement pour le cœur.
SOPK : le syndrome invisible qui pèse lourd sur le cœur
Qu’est-ce que le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) :
Trouble hormonal fréquent chez les femmes en âge de procréer, le SOPK provoque des règles irrégulières, de l’acné, une pilosité excessive (hirsutisme) et parfois une infertilité. En cause : un excès d’androgènes et une ovulation perturbée.
Le SOPK, qui concerne 6 à 13 % des femmes, est bien plus qu’un désordre hormonal. C’est un terrain fertile pour les pathologies cardiovasculaires.
Ce que dit la recherche :
- Risque accru de diabète de type 2, d’hypertension et de cholestérol.
- +19 % de risque de développer une maladie cardiovasculaire.
- Risque augmenté d’accident cardiaque précoce, parfois dès la trentaine.
Le SOPK est lié à une résistance à l’insuline, un surpoids abdominal et un profil inflammatoire élevé : un trio infernal pour les artères.
En clair : un cœur de femme est en jeu dès les premières irrégularités menstruelles.
Cœur de femme, risques oubliés
Chaque jour, 200 femmes meurent en France d’une maladie cardiovasculaire. C’est plus que tous les cancers féminins réunis. Et pourtant, les pathologies gynécologiques comme l’endométriose ou le SOPK ne sont presque jamais intégrées dans les parcours de prévention cardio-vasculaire.
C’est un angle mort dans le suivi médical.
Recommandations :
- Intégrer le dépistage des facteurs de risque cardiovasculaire dans la prise en charge des femmes atteintes d’endométriose ou de SOPK.
- Promouvoir une approche multidisciplinaire, impliquant gynécologues, endocrinologues et cardiologues, pour une prise en charge globale.
- Sensibiliser les patientes aux risques cardiovasculaires associés à ces pathologies et aux mesures préventives à adopter.
Ce que la Fondation soutient
À la Fondation Recherche Cardio-Vasculaire, nous appelons à changer le regard sur la santé des femmes. Ce qui se passe dans l’utérus peut aussi jouer dans la poitrine. Et cela mérite plus d’attention, plus de prévention, et plus de recherche.
Parce que protéger le cœur des femmes, c’est aussi comprendre leurs pathologies spécifiques.
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Sources :
- Inserm : dossiers sur l’endométriose et le SOPK
- Circulation, 2016
- Ahajournals.org/doi/10.1161/STROKEAHA
- PourquoiDocteur.fr
- Agir pour le cœur des femmes
- Ministère de la Santé
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