Octobre Rose : immunothérapie et prévention cardiaque

En ce mois d’Octobre Rose la recherche continue de faire reculer le cancer du sein. Parmi les avancées majeures : l’immunothérapie.

Ces traitements stimulent le système immunitaire pour qu’il attaque directement les cellules tumorales. Résultat : amélioration des perspectives de survie, des rémissions parfois spectaculaires, même lorsque la chimiothérapie ou la radiothérapie échouent.

Mais attention : cette révolution thérapeutique n’est pas sans risques pour le cœur.

Dans quels cas l’immunothérapie est-elle utilisée dans le cancer du sein ?

L’immunothérapie ne concerne pas toutes les femmes.
Elle s’adresse surtout à celles atteintes d’un cancer du sein triple négatif (CSTN) — la forme la plus agressive, car elle ne répond pas aux traitements hormonaux ni aux thérapies ciblées anti-HER2.

Quand l’utiliser ?

  • En association avec la chimiothérapie,

  • Pour les formes métastatiques ou à haut risque de rechute,

  • Avant ou après la chirurgie, selon le protocole.

Les traitements d’immunothérapie utilisés

Les principaux traitements d’immunothérapie actuellement disponibles sont :

  • Pembrolizumab

  • Atezolizumab

  • Ipilimumab 

Ils appartiennent à la famille des inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (checkpoint inhibitors) :

  • Anti-PD-1 → pembrolizumab

  • Anti-PD-L1 → atezolizumab

  • Anti-CTLA-4 → ipilimumab

Leur rôle : stimuler le système immunitaire pour qu’il reconnaisse et détruise les cellules cancéreuses qu’il ne voyait plus comme des ennemies.

Efficacité :
Ces traitements ont permis d’améliorer la survie de certaines patientes atteintes de cancer du sein triple négatif métastatique, notamment lorsque la tumeur exprime PD-L1 (certaines tumeurs produisent cette protéine qui permet aux cellules cancéreuses d’échapper au système immunitaire).

Risques cardiovasculaires associés à l’immunothérapie (Inhibiteurs de Points de Contrôle Immunitaire ou ICI)

    • Méta-analyse de 101 essais cliniques : Une étude a révélé que les patients traités par ICI présentent un risque légèrement accru d’événements cardiaques, avec environ 3 % de cas contre 2,3 % chez ceux ne recevant pas ces traitements

      Source : https://www.mdpi.com/2308-3425/9/7/203

    • Cancer du poumon et mélanome : Les risques cardiaques à un an sous ICI sont estimés entre 7 et 10 %, incluant myocardite, arythmies et insuffisance cardiaque

      Source : https://cancerworld.net/immunotherapy-cardiotoxicity-higher-than-previously-estimated/

    • Myocardite liée aux ICI : Bien que rare (≈ 1 %), la myocardite est une complication grave, avec près de 50 % des patients développant des complications sévères et jusqu’à 30 % de mortalité, malgré les traitements actuels.

      Source : https://www.broadinstitute.org/news/study-reveals-how-cancer-immunotherapy-may-cause-heart-inflammation-some-patients

    • Combinaisons de traitements : L’association d’ICI, comme anti-CTLA-4 et anti-PD-1, augmente le risque comparé à une monothérapie

      Source : https://cancerworld.net/immunotherapy-cardiotoxicity-higher-than-previously-estimated

    • Patients âgés : Les effets cardiaques peuvent apparaître dans les semaines ou mois suivant le début du traitement, même chez les patients plus âgés

      Source : https://www.mdpi.com/2308-3425/9/7/203

La riposte des chercheurs

La myotoxicité associée aux inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (ICI) touche à la fois le cœur (myocardite) et les muscles squelettiques (myosite). Ces complications apparaissent souvent ensemble et peuvent être très graves.

Mais, la recherche ne reste pas sans réponse : 
Un protocole combinant abatacept + ruxolitinib pourrait réduire drastiquement la mortalité dans les formes sévères de myocardite liée aux ICI. Ces résultats sont prometteurs, mais doivent encore être validés par des études supplémentaires.
Source : PubMed – Cancer Discovery, 2023

Comment se protéger : la cardio-oncologie en première ligne

Pour prévenir et détecter ces complications, les experts recommandent :

  • Avant le traitement : ECG, échographie cardiaque, dosage de troponine.

  • Pendant le traitement : surveiller la fatigue inhabituelle, les douleurs thoraciques, les palpitations ou l’essoufflement.

  • En cas d’alerte : prise en charge rapide par des corticoïdes ou des traitements immunomodulateurs.

En France, plusieurs unités spécialisées de cardio-oncologie assurent ce suivi :


En résumé

L’immunothérapie est une révolution thérapeutique qui offre de nouveaux espoirs aux femmes atteintes d’un cancer du sein triple négatif.
Mais pour que la victoire soit totale, il faut écouter aussi le cœur : dépistage, suivi et coordination entre oncologues et cardiologues sont essentiels.

En ce mois d’Octobre Rose, rappelons-le : La prévention, la vigilance et le dépistage précoce restent nos meilleures armes pour sauver des vies.