Le Professeur Ménasché à la pointe de la Recherche

Pr Philippe MénaschéC’est dans le Figaro santé du 5 mai que le Professeur Philippe Ménasché spécialiste de la thérapie cellulaire cardiaque et membre du Conseil Scientifique de la Fondation Recherche Cardio-Vasculaire-Institut de France s’est expliqué sur l’expérience de rejuvénation des organes de souris âgées par du plasma de jeune souris.

Une expérimentation  aux lisières de la science-fiction qui pourrait faire parler d’elle dans un avenir proche et avoir des retombées considérables.

Le Figaro santé a recueilli les propos de ce Professeur à la pointe de l’innovation scientifique …

LE FIGARO. – Que pensez-vous de ces travaux ?

Philippe MÉNASCHÉ.  N’oublions pas que nous ne sommes là que chez la souris, et ne donnons pas de faux espoirs avec une utilisation immédiate pour l’homme. C’est de la très belle science, mais c’est encore de la science-fiction, si l’on se projette dans une perspective clinique et thérapeutique. Les retombées de ce type de travaux fondamentaux sont rarement immédiates, mais elles peuvent être considérables. Concorde a été un échec commercial… mais a permis de faire l’Airbus. Ici, les chercheurs ont approché le mécanisme biologique et identifié des cibles moléculaires. C’est très intéressant, car, lorsque l’on a des cibles moléculaires, elles peuvent devenir un jour des cibles thérapeutiques.

Quelles peuvent être les applications pratiques en médecine humaine ?
Les acquis thérapeutiques viennent souvent d’idées très simples. Et d’ailleurs, simple ne veut pas dire irréaliste. Imaginer que l’on va rajeunir des personnes âgées en leur transfusant du plasma de jeunes dans des cliniques discrètes, c’est tout de même irréaliste. Identifier ce qui, dans le plasma de sujets jeunes peut avoir un effet de réjuvénation, là, ce n’est plus de la science-fiction.

Affichez-vous la même prudence sur la transplantation de cellules souches cardiaques, un instant présentée comme un traitement «révolutionnaire» ?
Tout à fait. Je me suis toujours inscrit en faux contre l’enthousiasme délirant de certains. Je ne crois pas que les cellules souches auront leur place en thérapeutique en étant directement greffées pour remplacer des cellules déficientes. Dans le cœur, nous avons vu que les cellules greffées disparaissaient à plus ou moins brève échéance. En revanche, elles agissent en libérant des substances qui, elles, vont agir sur des voies endogènes (déjà existantes dans l’organisme, NDLR) de régénération. C’est une piste qui reste intéressante dans l’insuffisance cardiaque, car elle résiste parfois à tous les traitements, mais il ne faut pas y voir un traitement universel.