Accident vasculaire cérébral : les femmes en ligne de mire

AVC : trois lettres anxiogènes pouvant créer des séquelles graves, en l’absence de prise en charge, voire être fatales.

Des chiffres inquiétants en population générale (source Santé Publique France)

En France, 140 000 personnes sont victimes d’un AVC par an. L’AVC est la première cause de mortalité en France et dans le monde.

  • 1 personne/6 aura un AVC dans sa vie.

  • 1/3 des patients gardent un handicap.

  • 75% des survivants ont un handicap physique.

  • 1AVC/2 entraîne un handicap moteur ou un trouble du langage.

Les femmes concernées par l’AVC (source Santé Publique France)

Qu’est-ce qu’un AVC ?

L’accident vasculaire cérébral (AVC) est une urgence vitale qui nécessite une prise en charge rapide. L’arrêt brutal de l’irrigation sanguine du cerveau qui caractérise l’accident vasculaire cérébral entraîne une privation d’oxygène dans les zones cérébrales touchées. Dans la moitié des cas, il entraîne des séquelles d’autant plus invalidantes que la prise en charge aura été effectuée tardivement. L’AVC est la première cause de handicap acquis de l’adulte, la deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer.

Dans 80 % des cas, l’AVC est secondaire à l’interruption de l’irrigation d’une partie du cerveau provoquée par un caillot qui obstrue une artère. On parle alors d’AVC ischémique ou d’infarctus cérébral. Dans les 20 % de cas restants, l’AVC est le fait d’une hémorragie cérébrale.

Quels sont les facteurs de risque de l’AVC chez la femme ?

Les femmes ont des facteurs de risque supplémentaires par rapport aux hommes, souvent mal connus.

Le statut hormonal de la femme

Du fait de leur statut hormonal les femmes ont un risque plus important d’avoir un AVC par rapport aux hommes.

La prise de la pilule contraceptive associée au tabagisme augmente considérablement le risque d’AVC chez les femmes de moins de 35 ans. De même les contraceptifs oestroprogestatifs prescrits au moment de la ménopause peuvent favoriser la survenue d’un AVC. N’hésitez pas évoquer le sujet avec votre gynécologue.

La grossesse peut également être un facteur de risque. On pense en effet à la prééclampsie  cette maladie grave de la grossesse au cours de laquelle la pression artérielle de la jeune maman augmente mais aussi au diabète gestationnel. Ces 2 pathologies de la grossesse augmentent significativement le risque de faire un AVC dans les années qui suivent. Un suivi médical très strict est donc nécessaire pour les femmes affectées par ces pathologies.

Enfin, la ménopause est également une période à risque cardio-vasculaire pour les femmes du fait de la diminution de leur taux d’oestrogènes dont on sait qu’ils ont un effet protecteur sur le système cardio-vasculaire. Au moment de la ménopause, les femmes comme les hommes doivent donc prendre rendez-vous chez un cardiologue.

Un mode de vie féminin identique à celui des hommes

Si fort heureusement l’égalité hommes femmes est une véritable préoccupation et un combat à mener, il ne faut pas ignorer que cette égalité signifie également que de + en + de femmes adoptent le même mode de vie que les hommes et sont par conséquent soumises au même stress professionnel, au tabagisme, à la consommation d’alcool mais aussi à une mauvaise alimentation souvent par manque de temps. Or, l’AVC est une maladie cardio-vasculaire qui peut être évitée lorsqu’on modifie son mode de vie et qu’on favorise certaines règles comme l’arrêt du tabac, une alimentation équilibrée ou encore une activité physique régulière.

Autres facteurs de risque majorés chez la femme

Si les facteurs communs à l’homme et à la femme sont l’hypertension artérielle, le diabète et l’hypercholestérolémie, certains facteurs de risques sont majorés chez la femme :

  • Le diabète de type 1 ou diabète insulinodépendant.
  • La fibrillation auriculaire (risque multiplié par 2 par rapport à l’homme).
  • L’hypertension artérielle notamment au cours la grossesse et des années après celle-ci.

Quels sont les symptômes de l’AVC ?

Plus un AVC est pris en charge rapidement, plus les chances de survie et l’absence de séquelles importantes sont élevées. Il est donc important de connaître les symptômes d’alerte. Certains sont fréquents et on les retrouve autant chez les hommes que chez les femmes :

  • Une faiblesse musculaire ou paralysie d’un ou de plusieurs membres ou du visage (hémiplégie).
  • Une perte de sensibilité ou engourdissement d’un ou de plusieurs membres ou d’une partie du visage.
  • Un mal de tête brutal et inhabituel.
  • Des troubles visuels.
  • Une difficulté à parler.
  • Des troubles de l’équilibre ou de la coordination des membres.
  • Un trouble de la vigilance pouvant aller jusqu’au coma.

Des symptômes spécifiques à la femme

En plus des manifestations communes aux deux sexes, on peut déceler d’autres symptômes chez la femme.

  • Souffle court.
  • Hallucinations.
  • Nausées.
  • Modification de la personnalité.
  • Vertiges et perte de connaissance.
  • Crise d’épilepsie subite.

Une prise en charge insuffisante chez les femmes

Pour améliorer les connaissances sur l’accident vasculaire cérébral féminin, et son traitement, il est important d’initier davantage d’essais cliniques ou de recherches scientifiques intégrant des femmes. Une urgence que le Parlement Européen avait d’ailleurs mentionnée dès 2016.

Pourtant en dépit de cette mise en garde, les difficultés de prise en charge de l’AVC chez la femme demeurent. Le délai entre la survenue de l’AVC et l’arrivée aux urgences est plus long lorsque la victime est une femme sans doute parce que les femmes restent hésitantes avant d’appeler les premiers secours quand il s’agit de leur santé alors qu’elles seraient très réactives pour appeler les secours quand il s’agit d’un tiers ou d’un proche.

Enfin, concernant la prise en charge au sein du monde médical encore beaucoup de médecins ne pensent pas immédiatement à l’AVC lorsqu’il s’agit des femmes et diagnostiquent des troubles psychiques. Une hérésie lorsqu’on sait combien la rapidité de prise en charge est essentielle.

Comment traite-t-on l’AVC ?

Une prise en charge précoce après un AVC limite la gravité des séquelles.

Le traitement de l’AVC ischémique

La thrombolyse
En cas d’accident vasculaire cérébral ischémique, le traitement en urgence, réalisé en milieu hospitalier consiste à dissoudre le caillot qui bouche l’artère cérébrale en perfusant un médicament par voie veineuse : on appelle ce traitement la thrombolyse.

Important : ce traitement doit être réalisé dans les premières heures qui suivent l’apparition des symptômes d’AVC ischémique (dans un délai de 4h30 après l’AVC).

La thrombectomie mécanique endovasculaire
Lorsque l’obstruction par le caillot sanguin concerne une artère intracrânienne de gros calibre, le retrait du caillot peut être réalisé par un dispositif mécanique introduit par voie endovasculaire sous contrôle radioscopique.

Important : la thrombectomie mécanique doit être réalisée dans un délai de 6 heures après l’AVC.

Le traitement médicamenteux après un AVC

Des médicaments antiagrégants plaquettaires sont prescrits après un AVC ischémique. Ils empêchent les plaquettes du sang de s’agglutiner et donc les caillots de se former. Il peut s’agir de l’aspirine donnée à des doses précises, ou d’autres médicaments comme le clopidogrel ou le ticlopidine. Les anticoagulants sont prescrits dans certains cas d’AVC ischémique. Le traitement anticoagulant fait appel, selon chaque cas, aux antivitamines K (AVK) ou anticoagulants oraux à action directe.

Le traitement de l’AVC hémorragique

En cas d’AVC hémorragique, le contrôle en urgence de la tension artérielle est capital. En effet, toute hypertension artérielle (HTA) augmente le risque de nouveau saignement et d’extension de l’hématome intra-cérébral.

10 conseils clés pour prévenir l’AVC

1 – Surveillez votre poids.

2 – Contrôlez votre tension.

3 – Fuyez le cholestérol et les triglycérides.

4 – Faites le point avec votre gynécologue concernant les traitements substitutifs de la ménopause.

5 – Stop au tabac.

6 – 5 fruits et légumes par jour.

7 – Faites le plein d’Omega 3.

8 – Pratiquez une activité physique régulière et adaptée.

9 – Tout doux avec l’alcool.

10 – Attention à la multiplication des facteurs de risque.

 

Sources consultées : Vidal, Santé Publique France, Croix Rouge, Medisite, Assurance Maladie.