Biologiste, titulaire d’un doctorat européen de biochimie et chercheuse à l’INSERM, Sara Martinez de Lizarrondo est la lauréate 2024 de la bourse de recherche « Danièle Hermann-cœurs de femmes » dotée de 30 000 euros et décernée à l’unanimité par les membres du jury.
Son projet de recherche récompensé permettra de développer une nouvelle méthode d’imagerie de l’embolie pulmonaire pour la femme enceinte. Pour cela, elle souhaite aux côtés de son équipe synthétiser des particules magnétiques capables de révéler l’embolie pulmonaire grâce à une nouvelle technique d’imagerie appelée « imagerie à particules magnétiques ». Cette technique très sensible pourrait permettre de détecter l’embolie pulmonaire grâce à une simple injection intraveineuse de quelques milligrammes de particules magnétiques et ainsi d’éviter l’irradiation de la poitrine et du fœtus chez la femme enceinte.
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Une vocation née entre Pampelune et la Normandie
Dans le nord de l’Espagne, à Pampelune, une lycéenne curieuse dévore les enseignements de sa professeure de biologie, sans se douter que ses cours jetteront les bases d’une carrière scientifique. Diplômée en biochimie et biologie, Sara Martinez de Lizarrondo décroche en 2011 un doctorat européen en biochimie après des travaux de recherche sur l’athérosclérose et l’hémostase. Mais une expérience décisive dans le laboratoire du Professeur Denis Vivien, à Caen, l’oriente vers une nouvelle passion : les pathologies neurovasculaires.
« J’ai eu la chance de trouver en Denis Vivien un mentor qui m’a donné la liberté nécessaire pour développer mes idées », confie Sara Martinez de Lizarrondo. Cette rencontre marque un tournant : elle revient en Normandie pour son post-doctorat et y explore des technologies de pointe comme l’imagerie moléculaire. Aujourd’hui, en tant que chargée de recherche à l’INSERM, elle mène avec son équipe des travaux novateurs sur l’immuno-IRM, une technique révolutionnaire permettant de suivre les mouvements des cellules immunitaires sans intervention invasive.
Des avancées scientifiques qui pourraient changer la vie des patients
Quatre moments clés jalonnent sa carrière, chacun témoignant de sa détermination à faire progresser la science et à transformer des idées novatrices en avancées concrètes.
- Le premier moment marquant : la découverte du potentiel thrombolytique de la N-acétylcystéine, un composant présent dans les sirops contre la toux. « C’est fascinant de voir comment une molécule si courante peut désagréger des caillots sanguins en ciblant une protéine clé », explique-t-elle avec passion. Une avancée qui pourrait bouleverser la prise en charge des AVC.
- En 2017, elle est nommée chargée de recherche à l’INSERM, une étape essentielle qui lui a offert la stabilité nécessaire pour mener à bien ses travaux de longue haleine. « Cette stabilité est fondamentale dans un domaine où les découvertes nécessitent des années d’efforts soutenus », souligne-t-elle.
- Autre moment décisif, en 2022 : la mise au point d’agents de contraste biocompatibles pour l’IRM moléculaire, publiée dans Science Advances. « On a franchi un cap important. Cela ouvre la voie à des applications cliniques pour une imagerie ultrasensible et sûre chez l’homme. »
Enfin, la recherche qu’elle va poursuivre grâce à la bourse « Danièle Hermann-cœurs de femmes » cristallise ses ambitions. Axée sur le diagnostic sans rayons X de l’embolie pulmonaire chez les femmes enceintes, cette technologie pourrait sauver des vies. « L’embolie pulmonaire est une menace majeure pour les femmes enceintes, et nos innovations pourraient révolutionner leur prise en charge. » Ce projet met également en lumière une problématique encore trop souvent sous-estimée : l’impact des pathologies cardiovasculaires pendant la grossesse. En développant une méthode non invasive et respectueuse de la santé maternelle et fœtale, elle espère offrir une alternative sécurisée et accessible à toutes.
« La curiosité, c’est la clé »
Quand Sara Martinez de Lizarrondo parle des chercheurs de demain, elle insiste sur une qualité essentielle : la curiosité. « Cette envie d’apprendre est la force motrice de la science, et elle est capable de faire avancer le monde », affirme-t-elle. Pour elle, les chercheurs doivent aussi être dotés d’une patience infinie, car l’innovation naît souvent d’échecs surmontés. « Ce que je préfère, c’est ce moment unique où l’on réalise une expérience longtemps préparée et où, enfin, les résultats tombent. »
Quand vie personnelle et scientifique s’entrelacent
Parmi ses plus belles collaborations, elle cite Maxime Gauberti, radiologue, et aujourd’hui, son compagnon. « Nous partageons une passion commune pour l’imagerie biomédicale et deux merveilleux enfants ». Ce duo complémentaire aspire à fonder une équipe dédiée à l’innovation dans les maladies neurovasculaires.
Le cœur des femmes, une priorité scientifique
Fervente défenseure de la prise en compte du genre en recherche biomédicale, elle est attachée à la parité et à l’égalité des chances : « Il faut encourager les jeunes filles à embrasser des carrières scientifiques et lutter contre les biais encore trop présents ». Pour elle, augmenter le nombre de chercheuses à tous les niveaux est essentiel pour répondre aux défis spécifiques de la santé cardiovasculaire des femmes.
Des rêves et une approche inspirante
Pour Sara Martinez de Lizarrondo, le bonheur réside dans des découvertes capables de transformer la vie des patients. Elle admire les héros de l’ombre, ces chercheurs dévoués qui, loin des projecteurs, sauvent des vies grâce à leurs innovations. Si elle pouvait arrêter le temps, ce serait pour savourer davantage de moments avec sa famille, voyager ou peaufiner ses projets scientifiques.
Mais ce qui résume le mieux son approche est sans doute sa devise préférée : « L’impossible d’aujourd’hui est la routine de demain. » Une promesse d’avenir, portée par une passion inébranlable pour la recherche scientifique.
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