Biologiste et chercheuse à l’INSERM, Marie-Ange Renault est la lauréate 2024 de la bourse de recherche « Danièle Hermann-cœurs de femmes » dotée de 30 000 euros et décernée à l’unanimité par les membres du jury.
Son projet de recherche récompensé permettra de mieux comprendre les effets cardiovasculaires de l’hormonothérapie d’affirmation de genre (GAHT) qui a pour but de bloquer les hormones sexuelles du sexe d’origine et d’apporter les hormones sexuelles du genre désiré. En effet, des études récentes révèlent un risque accru de maladies cardiovasculaires, comme les AVC et les infarctus, chez les femmes transgenres sous GAHT. Cette recherche aura pour objectif d’explorer comment la GAHT féminisante pourrait favoriser l’athérosclérose et influencer les facteurs de risque cardiovasculaires. A plus long terme, elle pourrait contribuer à une meilleure prévention cardiovasculaire pour les femmes transgenres.
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Marie-Ange Renault est chargée de recherche à l’INSERM, où elle jongle entre expériences en laboratoire, formation d’étudiants et quête de financements pour concrétiser ses projets. Passionnée par les questions de santé humaine, elle a construit une carrière solide et engagée.
Son parcours démarre par un doctorat en sciences biologiques et médicales à l’Université de Bordeaux, suivi d’un séjour de plus de trois ans aux États-Unis pour un stage postdoctoral. Recrutée par l’Inserm en 2011 après un concours exigeant, elle n’a cessé depuis de s’impliquer dans des recherches novatrices.
Une découverte importante sur l’insuffisance cardiaque
Parmi ses contributions marquantes, Marie-Ange Renault a mis en lumière un mécanisme inédit : l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée pourrait être liée à des thrombi dans les capillaires cardiaques, en particulier chez les personnes atteintes de diabète de type 2. Une avancée qui ouvre des perspectives importantes pour mieux comprendre et traiter cette pathologie.
Comprendre les risques cardiovasculaires des femmes transgenres
Aujourd’hui, Marie-Ange Renault se penche sur une question peu explorée : pourquoi les femmes transgenres sous hormonothérapie féminisante développent-elles davantage de maladies cardiovasculaires ? Lauréate de la bourse de recherche « Cœurs de Femmes 2024 », elle mène ce projet aux côtés de Virginie Grouthier, gynécologue au CHU de Bordeaux.
Pour y répondre, son équipe utilise un modèle animal unique : des souris mâles sont soumises à une hormonothérapie féminisante, permettant d’étudier l’impact de cette transition hormonale sur le développement de plaques d’athérosclérose. L’athérosclérose, maladie des artères souvent asymptomatique au début, est en effet un facteur clé de risques cardiovasculaires graves. La recherche de Marie-Ange Renault sur l’impact de l’hormonothérapie féminisante pourrait permettre d’identifier les mécanismes spécifiques de cette pathologie et d’améliorer les stratégies de prévention, en particulier chez les femmes transgenres, un groupe encore trop peu étudié.
Des résultats qui pourraient changer les pratiques
Les premières observations suggèrent qu’un contrôle précoce du cholestérol pourrait réduire les complications chez les femmes transgenres. Au-delà, cette recherche contribuera à une meilleure compréhension des différences entre hommes et femmes face aux maladies cardiovasculaires, en explorant l’effet des hormones sexuelles sur le système cardiovasculaire.
Un parcours guidé par les rencontres et la curiosité
Les collaborations ont jalonné son parcours. Ses responsables de stage en doctorat et postdoctorat ont joué un rôle déterminant, lui transmettant rigueur et passion pour la recherche. Elle insiste sur l’importance de rester curieux, ouvert et prêt à explorer des terrains encore trop méconnus, comme celui des maladies cardiovasculaires des femmes.
Un équilibre entre rigueur et simplicité
Marie-Ange Renault croit fermement que l’essentiel est d’avancer avec ce que l’on a. Lorsqu’elle ne planche pas sur des projets scientifiques, elle se ressource dans son jardin, un lieu où elle retrouve calme et inspiration. Avec détermination et humilité, elle continue d’œuvrer pour améliorer la santé de toutes les femmes, sans exception, et ouvrir de nouvelles perspectives en médecine.
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