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Jean-Jacques Schott

La génétique cardiovasculaire au service des patients

Directeur de recherche Inserm au sein de l’institut du thorax à Nantes où il développe avec son équipe de 37 personnes des projets de recherche dans le domaine de la génétique des maladies cardiovasculaires, Jean-Jacques Schott est le lauréat 2021 du Prix Danièle Hermann décerné par le jury de la Fondation Recherche Cardio-Vasculaire présidé par Catherine Llorens-Cortes. Son projet de recherche sur l’approche translationnelle en génétique et physiopathologie des cardiopathies rythmiques et dégénératives a pour objectif  d’identifier des marqueurs de risque biologiques pour une prévention précoce et de nouvelles cibles pour des thérapies innovantes.

Agé de 56 ans, Jean-Jacques Schott surprend par l’étendue de ses compétences scientifiques au service d’une passion demeurée intacte pour la génétique, la recherche en santé et plus généralement pour le monde du vivant. Enthousiaste, dynamique, attaché à la transmission du savoir et à la valorisation des jeunes chercheurs, Jean-Jacques Schott est un chercheur qui croit aux vertus du progrès scientifique. Après un diplôme d’ingénieur en biotechnologie, puis un doctorat en biologie à l’Université de Strasbourg, il a complété sa formation par une spécialisation au sein du département de génétique cardiovasculaire à Harvard aux Etats-Unis. Depuis 1998, il développe ses recherches au sein de l’Inserm et de l’institut du thorax de Nantes, mais aussi au CNRS et à Nantes Université. Des compétences qu’il exporte à l’international puisqu’il fut « visiting scientist » de 2010 à 2011, au Centro de Regulación Genómica à Barcelone.

Initialement centrées sur les arythmies cardiaques héréditaires, ses thématiques de recherche se sont progressivement renforcées par des recrutements ciblés. Une progression rendue possible grâce à son expertise en génomique ou encore en bioinformatique ayant permis l’émergence de nouveaux programmes de recherche translationnelle sur des maladies chroniques dégénératives. Depuis 2009, il développe aux côtés de son équipe « Human Genetics » une stratégie d’analyses génétiques basée sur les technologies innovantes de séquençage  et de génotypage à haut-débit. Organisée en 6 programmes interconnectés autour d’une thématique centrale dédiée au développement et à l’implémentation de méthodes en biostatistique et bioinformatique, son équipe œuvre au quotidien sur les troubles du rythme cardiaque, les cardiopathies congénitales, les pathologies valvulaires mitrales et aortiques, les anévrismes intracrâniens, l’érythrocytose héréditaire et les troubles du développement.

Parmi celles et ceux qui ont compté dans sa vie scientifique, Jean-Jacques Schott évoque avec pudeur et admiration les rôles déterminants qu’ont joué au moment de ses études de 3ème cycle le Professeur Hervé Le Marec, cardiologue au CHU de Nantes et chef du service de cardiologie avec lequel il a jeté les fondations d’une structure de recherche en génétique cardiovasculaire, mais aussi le Professeur Denis Escande, médecin électrophysiologiste, premier directeur de l’institut du thorax.

Bien conscient qu’une recherche de pointe ne peut voir le jour sans liens internationaux, Jean-Jacques Schott se dit fier d’avoir collaboré avec différents experts à travers le monde. Il mentionne les collaborateurs des réseaux transatlantiques d’excellence de la Fondation Leducq « Alliance Against Sudden Cardiac Death » et « MITRAL » associant les Professeurs Connie Bezzina et Arthur Wilde de l’Université d’Amsterdam, le Professeur Robert Levine du Massachusetts General Hospital à Boston et le Professeur Xavier Jeunemaitre de l’Hôpital Européen Georges Pompidou à Paris. Sans oublier le Professeur Naomasa Makita, de l’Université de Nagasaki, directeur adjoint du National Cerebral and Cardiovascular Center au Japon avec lequel il collabore depuis 15 ans autour de la mort subite cardiaque.

Enfin, Jean-Jacques Schott est soucieux de citer la formidable expertise de ses collègues chercheurs et cliniciens au sein de l’institut du thorax. « Ils tiennent  une place unique dans la réalisation de ses projets », rajoute-t-il.

Interrogé sur les temps forts de sa carrière, Jean-Jacques Schott les associe aux avancées qu’il a pu initier dans la compréhension de l’architecture génétique et de la physiopathologie des maladies cardiovasculaires, mais également à son équipe dynamique reconnue sur le plan international. « La promotion de l’excellence scientifique et l’émergence de jeunes talents ont toujours été au cœur de la stratégie managériale de mon équipe et c’est une de mes fiertés » précise-t-il.

Très honoré d’être le lauréat 2021 du Prix Danièle Hermann, Jean-Jacques Schott perçoit cette récompense à la fois comme une reconnaissance de son travail mais aussi comme un encouragement à poursuivre le développement de projets innovants sur le site de Nantes. Des projets ambitieux dont l’objectif sera d’apporter des bénéfices tangibles aux malades. « Ces fondamentaux, transmis de génération en génération à nos chercheurs, c’est notre ADN et celui de l’institut du thorax ! ».

Tourné vers l’avenir, Jean-Jacques Schott compte bien faire partie des scientifiques qui prendront part aux grandes avancées dans le domaine de la recherche sur les maladies cardio-vasculaires. Au cœur de ces avancées, l’utilisation de l’intelligence artificielle. « Notre ambition est de doter chaque thème de recherche des outils méthodologiques les plus innovants pour démêler l’architecture génétique du risque de maladie et explorer de nouvelles approches pour identifier les mécanismes biologiques à l’aide des données génomiques ».

Pour soigner le patient cardiaque de demain, il revient sur la nécessité d’unir les savoirs pour faire émerger une médecine de précision personnalisée« La médecine personnalisée est en pleine révolution et va transformer les pratiques en santé par des approches préventives comme curatives. Cette révolution est rendue possible par la convergence de la biologie des systèmes et de la révolution numérique avec sa capacité à générer et à analyser des big data ».

A celles et ceux qui aimeraient se lancer dans une carrière de chercheur, il recommande rigueur, curiosité scientifique et passion, mais aussi un sens de l’autocritique et une éthique sans faille. Sans oublier l’échange avec les cliniciens. « Je conseillerais donc aux jeunes chercheurs qui s’engagent dans cette voie d’en faire un prérequis : développer ses projets de recherche au plus près des acteurs du soin est crucial ».

Questionné sur son état d’esprit actuel, il nous confie être toujours émerveillé par la découverte et ses applications dans le domaine de la santé. Optimiste mais vigilant, Jean-Jacques Schott sait pouvoir compter sur la bienveillance et l’intégrité de ses collaborateurs. Admiratif des femmes fortes comme Marie-Curie, comblé à l’idée de découvrir d’autres cultures, Jean-Jacques Schott est un chercheur de son époque, un chercheur dont le rêve secret serait sans doute de pouvoir ralentir le temps. Quant à sa devise favorite, «l’avenir appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves», elle dit bien ce qui l’anime au quotidien : faire avancer la recherche cardio-vasculaire afin de soigner et guérir les patients.

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Jean-Jacques Schott

Directeur de recherche Inserm au sein de l’institut du thorax à Nantes où il développe avec son équipe de 37 personnes des projets de recherche dans le domaine de la génétique des maladies cardiovasculaires, Jean-Jacques Schott est le lauréat 2021 du Prix Danièle Hermann décerné par le jury de la Fondation Recherche Cardio-Vasculaire présidé par Catherine Llorens-Cortes. Son projet de recherche sur l’approche translationnelle en génétique et physiopathologie des cardiopathies rythmiques et dégénératives a pour objectif d'identifier des marqueurs de risque biologiques pour une prévention précoce et de nouvelles cibles pour des thérapies innovantes.