Contempler la vie de tous ses yeux ….

Découvrez un nouvel extrait du manuscrit « Les mots de Danièle »

Dans cet extrait aussi touchant que fougueux, Danièle Hermann déclare à la vie son amour. Un amour de la vie enraciné au plus profond de sa chair grâce auquel elle a pu surmonter la souffrance et apprendre à vivre avec sa grave maladie cardio-vasculaire.

« Rechercher le goût des choses. Saisir l’insaisissable. L’instant, la seconde avant qu’elle ne passe. La saisir et la garder plus longtemps que son temps à être. L’imprimer dans ma peau à jamais. Chercher la vie partout, l’immobiliser pour m’en emparer avec avidité.

Plus qu’écrire, vivre. Plus que lire, vivre. Plus qu’avoir, vivre. Vivre avec au ventre le désespoir de ne pouvoir m’approprier ce moment à vivre qui passe. Ce corps à vivre. Ce corps qui est du temps. Du temps

Mettre la vie dans un bocal et la contempler comme on contemplerait la plus belle oeuvre d’art qui ne saurait jamais exister. La contempler jusqu’à la folie. Jusqu’à l’orgasme. Jusqu’à en mourir.

Car comment contempler la vie de tous ses yeux, de tous ses sens et revenir intact dans le quotidien.

Flâner, perdre des heures pour mieux les gagner. Dépasser le mur du son, entrer dans tous les miroirs, aller derrière tous les nuages, contempler toutes les couleurs du ciel, se laisser éblouir par tous les soleils, se mouiller à toutes les pluies, goûter à toutes les saveurs, sentir toutes les odeurs, caresser toutes les soies, s’immerger dans toutes les mers, s’abandonner à toutes les douleurs pour ressentir la vie dans ce corps.

Toujours plus de vie dans ce corps- moi.

Rechercher l’ennui, l’ennui absolu pour allonger, pour aller au bout du temps…

S’y couler avec délectation. Se perdre dans ce temps, un temps qui s’écoulerait au goutte-à-goutte. Et se noyer dans chacune de ces gouttes.

Ah ! Vivre. Je suis folle de vivre. Je suis droguée, je suis accro à la vie, je n’en peux plus de cet amour là. Cet amour de vivre. Jusqu’à l’extase. »

Danièle Hermann, copyright tous droits réservés.