La recherche pour le cœur des femmes
Projet de recherche Marie-Ange Renault sur les effets cardiovasculaires de l’hormonotherapie d’affirmation de genre (gaht) qui a pour but de bloquer les hormones sexuelles du sexe d’origine et d’apporter les hormones sexuelles du genre desire.
Marie-Ange Renault est biologiste et chercheuse à l’INSERM (Pessac). Elle a obtenu un doctorat en sciences biologique et médicale de l’université de Bordeaux en 2004, puis réalisé un stage post-doctoral au Etats-Unis pendant 3 ans et ½. Elle a été recrutée par concours à l’Inserm en 2011. Elle est la lauréate 2024 de la bourse de recherche « Danièle Hermann-cœurs de femmes » dotée de 30 000 euros et décernée à l’unanimité par les membres du jury.
Détail du projet de recherche :
L’hormonothérapie d’affirmation de genre (GAHT) est un traitement clé pour les personnes transgenres, visant à bloquer les hormones du sexe d’origine et à introduire celles du genre désiré. Cependant, ses effets sur le système cardiovasculaire restent peu connus. Des études récentes suggèrent une surmortalité cardiovasculaire accrue, surtout chez les femmes transgenres, avec un risque plus élevé d’AVC, d’infarctus et de troubles thromboemboliques. Un paradoxe persiste : alors que les œstrogènes sont réputés protecteurs pour les vaisseaux, ils semblent au contraire aggraver les risques chez les femmes transgenres sous GAHT
Le projet de recherche explore l’hypothèse selon laquelle la GAHT pourrait favoriser l’athérosclérose en modifiant les cellules endothéliales et le métabolisme lipidique, ou en provoquant une inflammation chronique. Pour cela, Marie-Ange et Renault et son équipe ont mis au point un modèle préclinique chez des souris mâles castrées, exposées à l’estradiol. Les premiers résultats montrent une dyslipidémie marquée, avec une hausse du « mauvais » cholestérol (LDL) et une baisse du « bon » cholestérol (HDL), ainsi qu’une accumulation de graisse au niveau du foie et du cœur, malgré une perte de poids.
L’objectif du projet de recherche est de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à ces risques cardiovasculaires pour adapter les stratégies de prévention et de suivi des femmes transgenres.
Dans un contexte plus large, ce projet pourrait également donner des indices sur les mécanismes qui sous-tendent la contribution des hormones sexuelles aux différences femme-homme souvent observées dans les maladies cardiovasculaires.
La parole à Marie-Ange Renault
Pouvez-nous dire quelques mots sur les projets de recherche cardio-vasculaire dont vous êtes fière ?
J’ai montré que l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée pourrait être due à une augmentation de la formation de thrombi dans les capillaires cardiaques notamment dans le contexte d’un diabète de type 2.
En quoi cette bourse sera-t-elle utile à vos recherches ?
Ce projet a été initié lorsque j’ai rencontré Virginie Grouthier qui souhaitait faire une thèse de sciences. Virginie Grouthier est gynécologue au CHU de Bordeaux et responsable du programme TRANSGENDER. C’est le premier financement que nous avons obtenu pour nous aider à développer ce projet, le fait d’avoir obtenu ce financement nous a donc confortées dans la direction que nous avons choisie de donner à notre recherche.
Au-delà des impacts directs pour les femmes transgenres, comment vos travaux de recherches actuels pourraient-ils contribuer à mieux comprendre les différences de maladies cardiovasculaires entre les femmes et les hommes en général ?
Ce projet nous permettra de mieux comprendre l’effet des hormones sexuelles sur le système cardiovasculaire ce qui sera utile pour mieux comprendre le dimorphisme sexuel associé aux maladies cardiovasculaires en général.
Quelles sont selon vous les grandes avancées à initier concernant la recherche scientifique (fondamentale et clinique) et la prise en charge du cœur des femmes ?
Il faut systématiquement comparer ce qui se passe chez les individus mâles et les femelles ce qui commence à être fait systématiquement.
Télécharger le dossier de presse de la cérémonie de remise de la bourse de recherche