Fiche pratiques

Zoom sur la maladie thromboembolique veineuse

La maladie thromboembolique est une maladie des veines qui touche environ 1 personne/1000 dans la population. Elle est caractérisée par l’occlusion ou le rétrécissement d’une veine par un caillot de sang. Elle se manifeste sous forme de thrombose (caillot dans une veine) ou d’embolie pulmonaire (caillot dans une artère des poumons). Elle peut être considérée comme un tueur silencieux car, contrairement aux deux autres causes fréquentes de mortalité cardiovasculaire (infarctus du myocarde et AVC), elle est peu connue du grand public.

En raison du vieillissement de la population, le nombre absolu de maladies thromboemboliques veineuses ira en augmentant. La fréquence des séquelles post-thrombotiques est également un problème majeur de santé publique.

La maladie thromboembolique veineuse (MTEV) est également une maladie potentiellement chronique !

  • Avec un taux de récidive annuelle de l’ordre de 5-10 % après un premier événement
  • Un taux de syndrome post-thrombotique de 30 % après une thrombose veineuse profonde
  • Un taux d’hypertension artérielle pulmonaire de 2-3 % après une embolie pulmonaire.

Quels sont les 4 grands types de thromboses veineuses ?

  • La thrombose veineuse superficielle (phlébite superficielle)
    La thrombose veineuse superficielle est la présence d’un caillot de sang bloquant complètement ou partiellement la circulation sanguine dans une veine superficielle. Elle est plus fréquente au niveau des membres inférieurs et supérieurs.

Qu’est-ce qu’une veine superficielle ?
La veine superficielle est une veine proche de la surface du corps. Cela diffère des veines profondes qui sont loin de la surface. Les veines superficielles ne sont pas associées à une artère, contrairement aux veines profondes, qui ont généralement une artère du même nom à proximité. 

  • La thrombose veineuse profonde (phlébite profonde)
    La thrombose veineuse profonde est la présence d’un caillot de sang bloquant complètement ou partiellement la circulation sanguine dans une veine profonde. Elle peut survenir dans n’importe quelle veine profonde du corps, mais elle est plus fréquente au niveau des membres inférieurs.
  • L’embolie pulmonaire
    Elle est une urgence médicale. Elle correspond à l’obstruction plus ou moins complète d’une artère pulmonaire, ou d’une branche de cette artère, le plus souvent par un caillot sanguin. Généralement, le caillot s’est formé dans une veine profonde de la jambe et a migré dans la circulation sanguine pour atteindre d’abord le cœur, puis l’artère pulmonaire
  • Le syndrome post-thrombotique
    Ce syndrome définit l’ensemble des manifestations cliniques d’insuffisance veineuse chronique consécutives à une thrombose veineuse profonde.

Quels sont les symptômes de la maladie thromboembolique veineuse ?

Thrombose veineuse superficielle

  • Inflammation et douleurs au niveau de la zone affectée, laquelle devient légèrement orangée après la phase aiguë

Thrombose veineuse profonde

  • Douleur sourde au niveau du mollet ou de la cuisse
  • Un œdème plus étendu que celui formé dans le cas de la thrombose veineuse superficielle.
  • Une rougeur de la peau peut accompagner les symptômes ainsi qu’une sensation de chaleur.
  • Une petite fièvre à 38°C.

Embolie pulmonaire

En dépit de sa gravité, l’embolie pulmonaire est une maladie le plus souvent discrète, avec des symptômes complexes et peu caractéristiques.

  • Douleur évoquant un point côté, plus intense à l’inspiration.
  • Douleur derrière le sternum.
  • Une respiration courte, rapide et superficielle,
  • Une accélération du rythme cardiaque.
  • Plus rarement, toux et crachats teintés de sang.

Lorsque des symptômes évocateurs d’embolie pulmonaire sont observés, en particulier chez une personne qui a des antécédents de phlébite, il faut appeler les services d’urgence (15 ou 112).

Quels sont les principaux facteurs de risque de la maladie thromboembolique veineuse ?

  • Une immobilisation ou un alitement prolongé, suite à une maladie, un accident traumatique.
  • Les voyages de plus de six heures sans se dégourdir les jambes.
  • Les interventions chirurgicales (où l’anesthésie générale immobilise le patient pendant plusieurs heures).
  • Les troubles de la coagulation sanguine héréditaires (génétiques) où le sang a tendance à coaguler plus facilement.
    A noter : ces maladies génétiques sont systématiquement recherchées chez les femmes qui ont connu plusieurs fausses couches spontanées.
  • Les antécédents de phlébites et de varices.
  • La prise de la pilule et ou d’un traitement hormonal de la ménopause.
  • Certains troubles cardiaques (maladies des valvules, insuffisance coronarienne, troubles du rythme, etc.).
  • Certains cancers (poumon, pancréas et estomac en particulier).
  • Les chimiothérapies anticancéreuses.
  • Le surpoids et l’obésité.
  • L’accouchement, surtout chez les femmes qui souffrent de thrombose veineuse pendant la grossesse.

Diagnostic et traitements de la maladie thromboembolique veineuse

Face à un patient qui présente des symptômes évoquant une maladie thromboembolique veineuse, le médecin va rechercher les facteurs de risque (par exemple un antécédent de phlébite ou une intervention chirurgicale récente) et demander des examens complémentaires pour confirmer son diagnostic.

  • Une échographie doppler des membres inférieurs (en cas de suspicion de phlébite).
  • Le dosage sanguin des D-Dimères (éléments sanguins de la dégradation du caillot).
  • un scanner des vaisseaux sanguins pulmonaires (angioscanner), un électrocardiogramme et une mesure des gaz du sang (gazométrie sanguine) en cas d’embolie.
  • Eventuellement une scintigraphie pulmonaire toujours en cas d’embolie

Principaux traitements de la maladie thromboembolique veineuse

  • Les anticoagulants
    En cas de phlébite, un traitement à base d’anticoagulants permettra de freiner la progression du caillot. L’embolie pulmonaire nécessite également la prise d’anticoagulants, mais parfois un traitement pour dissoudre le caillot est nécessaire.
  • Les antivitamines K, dits « AVK » sont les plus anciens et les plus couramment utilisés sur de longues durées. Ils sont administrés par voie orale.
  • Les héparines, Ces substances sont administrées par injections sous la peau ou directement dans une veine.
    Récemment est apparue une autre famille de substances anticoagulantes, les anticoagulants oraux directs. Ils sont également utilisés dans le traitement de l’embolie pulmonaire.

Le saviez-vous ?
Le principal risque d’un traitement anticoagulant est la survenue de saignements, soit à la suite de coupures ou de coups, soit spontanément (hémorragie digestive par exemple).Il est recommandé de tenir un carnet de suivi et d’en tenir informé votre médecin.

  • La thrombolyse
    Elle permet  de dissoudre au plus vite le caillot bloqué dans l’artère pulmonaire et consiste en une seule injection d’un thrombolytique.
  • La thrombectomie
    En cas d’embolie sévère la thrombectomie consiste à enlever chirurgicalement le caillot qui obstrue l’artère

Comment prévenir la maladie thromboembolique veineuse ?

  • Porter des bas de contention
    Ce dispositif a pour action principale d’éviter la stagnation du sang dans les veines des jambes et de favoriser le retour du sang vers le cœur.
    Les bas de contention sont indispensables :
  • Dès la veille d’une intervention chirurgicale
  • Lors d’une immobilisation de plusieurs jours
  • Lors des longs voyages où vous ne pouvez pas bouger suffisamment les jambes.
  • Si vous êtes enceinte et considérée comme à risque de maladie thromboembolique veineuse.
  • Arrêt du tabac
  • Arrêt de la contraception hormonale ou du traitement hormonal de la ménopause
  • Pratiquer une activité physique et des étirements
    L’immobilisation (et donc l’alitement) est une des causes principales de la formation de caillots sanguins. C’est pourquoi il est très important de bouger le plus possible et de favoriser la marche et les exercices de kinésithérapie.

 

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Sources :

https://www.vidal.fr/maladies/coeur-circulation-veines/embolie-pulmonaire.html

https://www.academie-medecine.fr/epidemiologie-de-la-thrombose-veineuse/

https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2016/revue-medicale-suisse-542/la-maladie-thrombo-embolique-veineuse-une-pathologie-souvent-oubliee

https://www.chu-lyon.fr/maladie-thromboembolique-veineuse

https://www.hug.ch/angiologie-et-hemostase/maladie-thromboembolique-veineuse-mtev-thrombose