Une main d’infirmière …

Je vous invite à découvrir un nouvel extrait du manuscrit « Les mots de Danièle ». Ce manuscrit avait été rédigé par Danièle Hermann, notre Présidente-Fondateur, peu avant son décès des suites d’une insuffisance cardiaque. Elle y évoquait ses douloureuses et miraculeuses interventions à coeur ouvert, son expérience de patiente mais aussi son amour de la vie et ses nombreuses passions. Nous pensons toujours à elle. Elle était une femme forte et merveilleuse. 

« Combien de mains d’infirmières ai-je pu saisir dans ma vie. Le contact, la chaleur, l’énergie d’une autre main dans la mienne. Tout ce qu’elle peut apporter, transmettre de vitalité à une autre main. À tout un corps.

La peau d’un autre, la chair d’un autre, ce qu’elle vous donne c’est la saisie de la vie même.

Si les moines, les prêtres, les nonnes, les imams, les rabbins… au lieu de prêcher la bonne parole, inutile quelquefois, allaient offrir la chaleur bien vivante de leur corps nu, à des handicapés, des malades solitaires au fond de leur lit. Juste un contact, la rencontre de deux corps, l’un apportant à l’autre sa vigueur, sa vitalité. Le don total. Le don de soi.  

Rien que le perpétuel rebondissement d’un corps qui s’offre à celui qui vit au ralenti. Rien qu’une énergie qui passe, un acte gratuit.

Mais dans nos pays, les corps sont parias s’ils ne sont pas jeunes et beaux. La chair est triste, pornographique et très vite sale. Le toucher est pêché. Le toucher n’est pas. Le toucher est seulement sexe.

Il y a le dégoût des corps les uns pour les autres. On se protège tellement du corps des autres. Venir s’allonger nu contre le corps d’un vieillard, d’un malade pour lui transmettre sa chaleur, sa force vitale, quel médicament, quelle thérapie. Quel plus beau don. Donner, non des paroles, non de la morale, non de l’argent, non du temps, mais soi-même.

Et qu’est-ce que soi-même sinon son corps, juste son corps ?

Dites-moi ? Je vous en prie, dites-moi ? »

Extrait de « Les mots de Danièle », copyright tous droits réservés.