La recherche pour le cœur des femmes

Projet de recherche du Docteur Anne-Clémence Vion sur la prédisposition féminine aux anévrismes intracrâniens

Anne-Clémence Vion est la lauréate 2019 du programme de recherche « Danièle Hermann-Coeurs de femmes. » La bourse qui lui est allouée par la Fondation est d’un montant de 30 000 euros.

Détail du projet de recherche : 

L’hémorragie cérébrale est une urgence vitale le plus souvent causée par une rupture d’anévrisme. L’anévrisme est une dilatation en forme de ballonnet d’une artère cérébrale dont la paroi est localement et anormalement amincie et fragile.

Il ne s’accompagne en général d’aucun symptôme et sa rupture est imprévisible. Seuls 50 % des patients qui rompent un anévrisme arrivent vivants à l’hôpital, dont environ un tiers gardera de graves séquelles de cet accident hémorragique.

Environ 5 000 personnes font une rupture d’anévrisme cérébral chaque année en France, généralement entre 35 et 60 ans,

Les femmes sont 2 à 3 fois plus touchées que les hommes sans que l’on connaisse la cause de ce risque plus élevé d’anévrisme chez la femme.

Le Docteur Anne-Clémence Vion et son équipe ont récemment développé un modèle de souris génétiquement modifiée avec anévrisme intracrânien. Ce modèle reproduit la différence entre les hommes et les femmes : la maladie touche plus les souris femelles que les souris mâles. Nous proposons donc d’étudier et de comparer les artères cérébrales de ces souris mâles et femelles pour comprendre les raisons qui expliquent la prédisposition féminine aux anévrismes intracrâniens

Identifier les mécanismes en cause permettra une meilleure connaissance de la maladie pour, à terme, développer des moyens afin de pouvoir prédire ou empêcher la croissance ou la rupture d’un anévrisme, qui n’existe pas actuellement.


Docteur Anne-Clémence VionLa parole au Docteur Anne-Clémence Vion

Qu’est-ce qui vous a décidé à choisir la recherche fondamentale et en quoi est-ce une passion pour vous ?

Je suis initialement ingénieur en biotechnologie et j’ai très vite réalisé au cours de mes différents stages en entreprise que je souhaitais avoir un métier me permettant d’approfondir des questions scientifiques de manière indépendante et d’être en charge du projet. Poursuivre ma formation par une thèse m’a permis d’atteindre ces objectifs. Ma motivation première est de chercher à comprendre les mécanismes qui sont responsables du développement des maladies pour pouvoir en améliorer les traitements. La recherche fondamentale que je mène ne peut pas être dissociée de la recherche appliquée. Toutes deux s’inscrivent dans une même démarche dont l’objectif final est de mieux soigner. Être chercheur est une vraie passion car cela me demande un renouvellement permanent, stimule ma curiosité et ma réflexion. La génération de nouvelles connaissances et leur application en santé humaine sont un vrai moteur.

En quoi cette bourse sera-t-elle utile à vos recherches ?

Cette bourse me permettra d’explorer un axe particulier du projet que nous développons au sein de l’équipe du Docteur Loirand. Nous cherchons à comprendre les mécanismes en jeu dans la formation des anévrismes cérébraux, une anomalie de la paroi des artères qui irrigue le cerveau dont la formation est associée à la présence de risques cardio-vasculaires classiques comme l’hypertension ou le vieillissement, mais aussi au sexe féminin : les femmes ont en effet 2 à 3 fois plus de risque de développer un anévrisme que les hommes. Grâce à un model murin disponible au laboratoire qui reproduit cette différence nous allons chercher à en comprendre la cause. La bourse nous permettra, entre autres, d’acheter le matériel nécessaire à la réalisation de ces expériences.

Quels sont selon vous les grands combats à mener dans le domaine de la recherche pour le cœur des femmes ?

Deux aspects sont encore à prendre en compte :

  • L’information, la sensibilisation et la prévention car culturellement, les femmes se pensent protégées jusqu’à la ménopause, elles ne se sentent pas ou peu concernées par les maladies cardio-vasculaires et elles ne connaissent pas toujours les symptômes parfois atypiques chez la femme, comme pour l’infarctus du myocarde par exemple.
  • La singularité féminine et l’importance des groupes « féminins » dans les essais cliniques et en recherche fondamentale : le nombre de femmes impliquées dans des essais cliniques en cardiologie est encore limité et la connaissance de leur physiopathologie insuffisante. Les médicaments actuels ont été créés sur la base d’études réalisées essentiellement sur des hommes et n’ont pas le même degré d’efficacité sur les femmes. De même, la recherche fondamentale a longtemps travaillé avec des groupes de sexe masculin pour s’affranchir des variations et des protections hormonales féminines empêchant ainsi la mise en évidence de mécanismes différents entre homme et femmes.

Heureusement, les pratiques sont en plein changement au cours de cette décennie et l’effet sexe est maintenant favorisé dans les études fondamentales, précliniques et cliniques. Le développement de la médecine « personnalisée » permettra également une avancée importante dans la prise en charge féminine des maladies cardio-vasculaires. Il est donc important de continuer les efforts de prévention et de mettre en valeur les projets de recherche fondamentale.