Psychisme et cœur : des liens étroits et complexes

Malgré les progrès scientifiques et technologiques, le rapport singulier existant entre le psychisme et le cœur n’en finit pas de surprendre et d’alimenter les conversations qu’elles soient familiales, amicales ou médicales. Les difficultés psychiques sont désormais reconnues comme un facteur de risque des maladies cardio-vasculaires au même titre que le tabagisme, le LDL-Cholestérol, le surpoids, le Diabète de Type 2 ou l’hypertension artérielle. De même les maladies cardio-vasculaires peuvent elles aussi engendrer des troubles anxieux ou des états dépressifs. Cette synergie entre psychisme et cœur est une invitation à l’équilibre et à l’harmonie. Un équilibre à trouver entre le bien-être du corps et celui de l’esprit. Sans doute le défi de toute une vie.

Pourquoi les traumatismes psychiques et le stress chronique ont-ils un impact sur le cœur ?

La survenue brutale d’un infarctus du myocarde n’a pas que des origines physiques, mais aussi psychiques. 9 infarctus du myocarde sur 10 sont dus à notre mode de vie. Il est prouvé que le stress, l’anxiété ou la dépression sont des facteurs de risque de l’infarctus du myocarde.

« Un état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement, et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ». Le stress chronique est très mauvais pour l’organisme puisqu’il maintient ce dernier en surrégime. De ce fait, si ce stress perdure dans le temps, les répercussions au niveau de la santé cardio-vasculaire peuvent devenir irréversibles.

En situation de stress, l’organisme produit des hormones dites de stress. Le pouls et la tension artérielle s’élèvent, la respiration s’accélère et le métabolisme s’intensifie. Mais si après cette phase de stress, il n’y a pas de phase de lâcher prise et de détente, l’organisme reste dans un état de tension élevé très toxique. C’est pourquoi les personnes qui souffrent d’un excès de stress, d’angoisses ou de dépressions ont un risque nettement plus élevé d’hypertension artérielle, de maladie coronarienne ou d’infarctus du myocarde, et elles sont plus souvent victimes d’accidents vasculaires cérébraux que les personnes qui n’ont pas ces problèmes.

De même, la grande précarité, une situation sociale défavorisée, le manque d’argent, de reconnaissance et l’isolement sont des facteurs de stress reconnus dont il est prouvé qu’ils altèrent précocement la santé cardio-vasculaire.

Les femmes, victimes elles aussi du stress

Les femmes réagissent différemment que les hommes au stress. Ainsi, en cas de charge émotionnelle aiguë elles peuvent développer notamment au moment de la ménopause beaucoup plus souvent que les hommes une cardiomyopathie de stress appelée maladie de Takotsubo ou syndrome du cœur brisé.

Il s’agit d’une réaction de stress aiguë dans laquelle les hormones de stress secrétées portent atteinte au muscle cardiaque. Les symptômes ressemblent à ceux d’un infarctus du myocarde. Ce syndrome n’est en aucun cas une cardiomyopathie bénigne et justifie une surveillance en électrocardiogramme rapprochée jusqu’à guérison complète du cœur. Le risque de récidive est de 5% dans les trois années qui suivent l’apparition du syndrome.

Par ailleurs, le mode de vie des femmes est devenu quasiment identique à celui des hommes, on pense notamment au stress professionnel cumulé avec les tâches du quotidien, et ce mode de vie qui s’est masculinisé favorise la survenue des maladies cardio-vasculaires au sein de la population féminine.

Troubles psychiques après une maladie cardio-vasculaire

Les maladies cardio-vasculaires en elles-mêmes peuvent également occasionner des troubles anxieux ou des syndromes dépressifs. Environ 1 patient sur 5 soigné pour un infarctus du myocarde est ensuite touché par un trouble anxieux ou un état dépressif. Cela concernerait 40 à 60% des patients. L’insuffisance cardiaque, les opérations du cœur, l’attaque cérébrale occasionnent également des désordres psychiques plus ou moins sévères parmi lesquels la peur de mourir subitement et une anxiété parfois incontrôlable.

Après un accident cardio-vasculaire, le processus de guérison est  chaotique et le corps et l’esprit ne guérissent pas forcément à la même vitesse. Il est fréquent que les signes de dépression ou d’angoisses n’apparaissent parfois que des semaines, voire des mois plus tard.

En parler rapidement à son médecin ! 

Il est fortement recommandé de parler rapidement et sans honte de ses difficultés psychologiques à son cardiologue ou à son médecin traitant afin de ne pas laisser les troubles s’installer. Si les troubles psychiques ne sont pas traités, ils empêchent la guérison et la récupération. Les patients présentant des symptômes dépressifs après un accident cardiaque ont un risque accru de souffrir d’un nouvel infarctus du myocarde dans un avenir proche.