Antoine Ouvrard-Pascaud : faire avancer la recherche sur l’insuffisance cardiaque des femmes !

Le projet de recherche du Docteur Antoine Ouvrard-Pascaud, lauréat 2019 de la bourse de recherche « Danièle Hermann -cœurs de femmes », sur les conséquences de la ménopause en tant que facteur aggravant de l’insuffisance cardiaque a fait l’objet d’une publication dans la revue ESC HEART FAILURE (2021). Une reconnaissance méritée pour ce chercheur passionné et compétent distingué à l’unanimité par le conseil scientifique de la Fondation Recherche Cardio-Vasculaire-Institut de France.


L’insuffisance Cardiaque dite à Fraction d’Ejection Préservée (ICFEP), en ce sens où le cœur éjecte toujours une quantité de sang considérée normale à chaque contraction, est souvent une pathologie silencieuse, les patientes et les patients ne s’en apercevant qu’au cours d’épisodes de grosse fatigue ou lors de l’obligation à fournir un effort intense. Malheureusement, la maladie est évolutive, pouvant entraîner une augmentation du risque d’infarctus du myocarde, une augmentation du risque de décompensation aigüe de l’insuffisance cardiaque et/ou une évolution vers une insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite (ICFER). Aujourd’hui, un plus grand nombre de femmes que d’hommes sont victimes de cette pathologie, pour laquelle aucun traitement spécifique n’est reconnu et qui est, de surcroît, la forme d’insuffisance cardiaque la plus répandue chez les femmes. De plus, les patient(e)s présentant un syndrome métabolique* ont un risque accru de développer cette pathologie tandis que l’occurrence de ce syndrome augmente après la ménopause.  Face à un tel constat, il y a donc urgence à poursuivre des recherches sur cette pathologie affectant de nombreuses femmes.

Grâce à la bourse de recherche de 30 000 euros allouée par la Fondation, le Docteur Ouvrard-Pascaud et à son équipe ont pu poursuivre leurs recherches précliniques chez des souris femelles afin de tenir compte d’une spécificité des femmes vis-à-vis de cette pathologie. Les souris femelles en condition de ménopause après ablation des ovaires développent en effet un surpoids et un diabète sans modification de leur alimentation, de même qu’une insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée et une diminution de leur activité physique spontanée, au cours des trois à quatre mois suivant l’intervention chirurgicale. L’article publié dans la revue ESC HEART FAILURE grâce au soutien de la Fondation montre qu’un nouveau médicament (la finerénone), bloquant le récepteur d’une hormone nommée aldostérone**, améliore la fonction cardiaque et la fonction des artères coronaires des souris (les artères propres au cœur, qui assurent sa perfusion sanguine). De plus, les souris qui reçoivent ce médicament ne montrent pas de diminution de leur capacité à l’exercice sur un tapis de course en vitesse imposée (test d’effort) et témoignent d’une meilleure activité spontanée.

Le Docteur Ouvrard-Pascaud et son équipe vont désormais poursuivre leurs recherches chez des souris femelles rendues obèses par un régime gras, obésité induisant un syndrome métabolique et le développement d’une insuffisance cardiaque, afin de mesurer si l’ovariectomie (mimant la ménopause) aggrave la maladie. Ils évalueront également si le blocage médicamenteux du récepteur minéralocorticoïde est capable de freiner la pathologie et son aggravation, tout en améliorant les capacités d’exercice des animaux. Ils étudieront aussi l’anxiété et la réponse au stress des animaux avec ou sans traitement.

 Nous souhaitons un plein succès au Docteur Antoine Ouvrard-Pascaud dans la poursuite de ses recherches scientifiques sur le cœur des femmes auxquelles nous sommes fiers de contribuer.

*Le syndrome métabolique est défini par la présence d’au moins 3 parmi les 5 critères suivant : obésité ; hypertension artérielle ; hyperglycémie à jeun ; hypertriglycéridémie ; augmentation du rapport des taux sanguins des « lipoprotéines de faible densité associées au cholestérol / lipoprotéines de haute densité associées au cholestérol » (plus communément nommés mauvais cholestérol / bon cholestérol).
 ** L’aldostérone est une hormone connue historiquement pour participer à la régulation de la pression artérielle via son action de réabsorption de sodium (sel) par les reins, depuis l’urine en formation vers le sang. Dans des conditions pathologiques, cette hormone est souvent impliquée dans l’hypertension artérielle. Depuis 25 ans, la participation de cette hormone et de son récepteur hormonal (le récepteur minéralocorticoïde) à l’aggravation de l’insuffisance cardiaque a été mise en évidence, et les médicaments bloquant ce récepteur sont d’ores et déjà recommandés parmi les traitements efficaces pour la prise en charge de l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite.

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Antoine Ouvrard-Pascaud est Maître de Conférences à la faculté de médecine de l’Université de Rouen-Normandie, chercheur à l’unité U1096 Inserm (ENVI : ENdothélium, Val-vulopathie et Insuffisance cardiaque) et coresponsable de la mention des masters en ‘Biologie-Santé’ des Universités de Rouen-Caen Normandie.